« NON » à répétition, que se cache t-il dessous?

//« NON » à répétition, que se cache t-il dessous?

« NON » à répétition, que se cache t-il dessous?

By |2019-01-14T19:42:21+00:00janvier 2019|Actualités|
« non pas de chaussette, non pas de manteau, non pas d’école, non pas de petit pois, non pas de brossage de dent, non… » Les oppositions systématiques peuvent vite devenir un cauchemar dans le quotidien, venir à bout de notre patience et finir en crise pour les deux côtés : parent et enfants. Alors, que se cache t-il dessous? Comment les réduire ?
Pour un jeune enfant, les occasions sont rares de décider pour lui-même. Le choix de la nounou ou de l’école, des horaires de lever et de coucher, des rythmes de travail de maman et papa, des activités,… et la liste est longue, tout ou presque est décidé par ses parents. Alors quand on lui propose quelque chose, peu importe quoi, il voit enfin un moment où montrer son existence. Et il dit non ! Et si ce n’était qu’une façon de retrouver un peu de pouvoir ? D’affirmer qu’il existe et surtout qu’il est différent de ses parents. Dire non, c’est poser une limite en langage d’adultes, n’est ce pas ? Et bien c’est pareil en langage d’enfant. Dire non a un sens pour l’enfant. C’est dire ses limites, ses contours, c’est affirmer son existence. Peu importe la proposition que vous lui faites, l’enfant va surtout voir la possibilité de dire non.
Que faire alors ? Ne plus du tout lui demander son avis pour éviter l’opposition ? Peu de chances que ça fonctionne.
Comme toujours, on essaie de décoder le besoin qui se cache derrière le comportement. Car derrière chaque comportement, il y a toujours un besoin. Le jeune enfant n’est ni manipulateur ni calculateur. En d’autres termes, il ne fait pas pour embêter ses parents mais parce que ça répond à un besoin chez lui. Et c’est sa façon de satisfaire ce besoin, sa stratégie, qui nous pose problème en général.
Revenons au non systématique. Que se cache t-il derrière ? Si c’est une façon de s’affirmer,  de dire qu’il existe, c’est le besoin de retrouver du pouvoir sur sa vie. Mais comment donner à un enfant de 2 ans, 3 ans ou 4 ans, du pouvoir sur sa vie ? C’est une question très importante. Car il ne s’agit pas de laisser décider l’enfant s’il va à la crèche ou non, si maman doit travailler ou bien encore si la famille doit déménager. Ça serait totalement impossible pour un tout petit de décider de se genre de chose et très insécurisant, et donc d’aucune utilité. C’est comme si vous lui demandiez s’il veut adopter un éléphant et le faire dormir dans son lit ! Si si, à 4 ans tout est possible, c’est l’époque de la pensée magique. La définition du réel n’est pas encore bien nette. Et la frontière entre ce qui est vrai et ce qui est faux est encore bien floue. Tout comme la notion de temps d’ailleurs. Il est donc impossible pour un enfant de décider ce qui concerne son avenir. Et c’est notre rôle de parents d’être son garant. Les grandes questions restent de la responsabilité des grandes personnes, il ne faut pas l’oublier !
Bon, revenons à nos moutons, ou à nos éléphants, non revenons à nos girafes !
Quelle attitude en tant que parents girafe adopter quand mon enfant répond non à tout ? Je soupçonne un besoin de décider pour s’affirmer. Quelle stratégie vais- je lui proposer pour lui permettre de reprendre du pouvoir sur sa vie tout en évitant de dire non ?
La meilleure option, parce qu’elle comble en même temps le réservoir affectif de l’enfant, est le jeu d’attachement de cause à effet.
Qu’est ce que c’est ? C’est un jeu où c’est l’enfant qui a le pouvoir mais aussi où le choix de l’enfant induit de manière systématique le comportement du parent. Par exemple, l’enfant est sur votre dos. S’il tapote l’épaule gauche, le cheval (vous !) tourne à gauche. S’il tapote l’épaule droite, le cheval tourne à droite. La réponse du parent doit être toujours identique de sorte qu’elle soit prévisible pour l’enfant. Et s’il vous fait recommencer 20 fois de suite la même chose, c’est pour s’en assurer. Ainsi, il a le contrôle de la situation. C’est ce qu’il décide de faire qui se passe.
Vous pouvez aussi jouer à tut le nez, bip la bouche, prout le bras,…. C’est moins fatiguant et la composante rigolote du jeu est très agréable tout comme elle est importante. Rire avec ses enfants permet de dissoudre les tensions. Pouvoir à l’enfant + rire avec son parent, tous les ingrédients sont réunis !
Après une bonne séance de ce type, vous verrez que la coopération augmente naturellement. Pourquoi ? C’est magique ? Et non, son besoin a été comblé, la stratégie qu’il avait mise en place n’a plus lieu d’être. Dire non n’a plus la même valeur. Besoin satisfait, enfant détendu ! Et donc prêt à coopérer.
Bien sùr à vous d’éviter de revenir sur un sujet qui fâche juste après et éviter les questions fermées auxquelles on répond par oui ou non. Préférez quelque chose du style: on met la table, tu préfères apporter les assiettes ou les couverts ? C’est plus difficile de dire non quand ça n’est pas proposé.
Sur du long terme, n’hésitez pas à jouer avec votre enfant. L’idéal est de consacrer 20 minutes par jour dédié à l’enfant, 20 minutes de jeu rien que pour lui, sans téléphone portable, télévision ou autre distraction. Ce qui va compter le plus pour l’enfant, c’est de recevoir de l’attention. Ça représente du temps de qualité passé avec l’enfant qui lui permet de remplir son réservoir affectif, de libérer des tensions par le rire, et d’avoir l’attention exclusive de son parent -un luxe dans nos sociétés hyper connectées. Avec tous ces ingrédients, temps de qualité chaque jour–réservoir affectif rempli–attention portée à l’enfant, vous avez de bonnes chances de réduire les crises d’opposition fréquentes et répétées.
Attention cependant, j’attire votre attention sur quelque chose d’important : jouer et riez AVEC votre enfant et non à ses dépens. L’effet n’est pas du tout le même.
Ensuite n’oubliez pas que votre enfant n’est pas un mouton docile qui obéit à chaque instant. Si votre enfant ne s’oppose plus ou qu’il vous répond oui maman oui papa à tout ce que vous demandez, inquiétez- vous ! Dolto disait « ce sont les enfants sages qui auront besoin d’un psy ». S’opposer, dire ses limites, c’est aussi construire sa personnalité. Et quand les oppositions ne sont pas systématiques, elles sont plutôt signe de bonne santé mentale. Alors, à ce moment là, à nous de voir ce que notre demande représente pour nous même. Quelle est notre véritable but en demandant cela ? Est-ce vraiment utile ? Pour qui je le fais ? Pour moi ou pour mon enfant ?
Et oui les enfants sont aussi des empêcheurs de tourner en rond, ils nous motivent à avancer et à aller à la rencontre de nous-même.
S’il est une idée à retenir, c’est que derrière chaque comportement de l’enfant, il y a un besoin qui se manifeste. A nous parents de décoder , de trouver son besoin, tel des détectives et de lui proposer un moyen de combler ce besoin par une façon qui convienne mieux à tous. Sans lui imposer bien sûr, en lui soufflant l’idée par le jeu, sinon vous aurez le droit à un…. non bien sur ! Et heureusement, c’est bon signe, votre enfant vous dit qu’il n’est pas un mouton ! Mais un girafon, avec ses idées, sa personnalité, ses besoins à exprimer !

About the Author:

Leave A Comment